ANONYMAT ET LITTERATURE

Au moyen Age, l’absence de signature n’était pas pour autant une volonté d’anonymat. Le travail d’écriture, comme la plupart des œuvres artistiques, n’étant pas le fruit du travail d’une seule personne, mais un travail collégial, il était donc impensable qu’une seule personne signe. Souvent l’œuvre était réécrite par différentes mains, la signature devenait donc impossible.

Pour préserver leur identité de représailles suite à leurs écrits, de nombreux auteurs des XVI, XVII et XVIIIe siècle utilisèrent des pseudonymes pour signer, certains pour protéger leur statut au sein même de la Cour à laquelle ils appartenaient et qu’ils critiquaient tout de même. La Rochefoucauld et La Bruyère ont écrit sous pseudonymes (par exemple : Les Caractères pour La Bruyère ou Les Maximes pour La Rochefoucault)

D’autres utilisèrent des noms d’auteurs par crainte d’emprisonnement pour les idées que leurs écrits véhiculaient. L’Encyclopédie fût ainsi écrite au départ dans l’anonymat. Jean-Jacques Rousseau dans ses Dialogues en usa pour éviter les représailles.

Enfin, les pamphlets critiquant la Cour étaient écrits mais également imprimés sous couvert d’anonymat. En effet, l’auteur n’était pas le seul à prendre des risques, l’imprimeur risquait aussi l’emprisonnement à une époque où les espions royaux étaient infiltrés à tous les niveaux de la société.

On peut parler d’anonymat pour les « nègres » littéraires, ces écrivains fantômes qui écrivent pour le compte d’auteurs plus célèbres. Auguste Maquet, l’un des plus connus d’entre eux, était le nègre d’Alexandre Dumas Père.

Son travail consistait à écrire une première version à partir de recherches historiques, Alexandre Dumas Père réécrivait ensuite en y ajoutant son esprit romanesque. C’est ainsi qu’ont notamment été écrits les Trois Mousquetaires ou le Comte de Monte Cristo.

Cette pratique perdure encore et est désormais plus acceptée qu’avant où en parler était tabou.

Les hétéronymes permettent de différencier le type d’écriture d’un écrivain ou de séparer sa vie littéraire du reste de sa vie : Henri Beyle avait environ 100 pseudonymes différents, dont celui de Stendhal.

Aujourd’hui encore, l’anonymat littéraire est utilisé par de nombreux auteurs et, finalement, les raisons de cet anonymat ne sont pas éloignées de celles du XVIIIe siècle.

Les hommes politiques souhaitant écrire indépendamment de leur carrière, utilisent des noms de plumes que seuls certains connaissent, comme Bernard Kouchner alias Bernard Gridaine.

 

Cependant, un ouvrage anonyme est plus difficile à éditer dans notre société d’hyper communication.

Sur qui communiquer lorsque l’auteur est anonyme ? Comment éditer une œuvre anonymement ?

C’est quasiment le parcours du combattant. Beaucoup, quand ils le peuvent, utilisent finalement des pseudonymes pour paraître (par exemple : Bourbon Kid pour Le Livre sans nom).

 

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