La feodalité

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Féodalisme (selon les auteurs, dans les netocrates 2)  : modèle social lié à la révolution de l’information que fut l’apparition de l’écriture vers 3000 av. J.-C, représente la société féodale du moyen âge, mais aussi un concept plus vaste.

La constante fictive

La constante fictive, ce point de fiction qui définit le paradigme en cours, était, lors de la féodalité, Dieu. Le pouvoir de cette fiction ne reposait pas sur un intérêt populaire pour les sujets existentiels, mais sur le résultat de la production intensive d’une idéologie aristocratique. La question de savoir si Dieu existait ou pas ne se posait pas. La fiction n’avait rien à voir avec la quelconque spiritualité chrétienne que nous connaissons aujourd’hui, la religion dictait la vie de chacun, qu’il le veuille au non. La fiction Dieu s’exprimait dans les lois, les interdits, les possibilités ou non pour chacun de faire certaines actions (et même les possibilités de penser ou de repenser certains faits, l’interprétation du monde étant cloisonnée dans cette fiction). La fiction Dieu était un cadre strictement déterminé par ses représentants, à savoir la monarchie, l’aristocratie et l’église.

Remettre en cause Dieu, c’était donc également remettre en question toutes les structures de pouvoir qui en découlait (monarchie, aristocratie, église). Tout doute menaçait l’équilibre, cette stabilité sociale construite autour de cette fiction.

Les structures de pouvoir

Le monarque, tout d’abord, était faiseur de lois et distribuait des privilèges et des pouvoirs aux aristocrates, dont des terres et leur régence. Sa légitimité était justifiée par le fait que ce soit Dieu lui-même qu’il l’ait désigné pour régner. C’était donc une fiction, moins tangible qu’un nuage, qui lui donnait ses pouvoirs, qui justifiait sa place, ses avantages, ses pouvoirs sur le royaume.

•         La classe dominante, l’aristocratie donc, avait pour occupation essentielle la production et la distribution de produits agricoles. Comme le pouvoir était intrinsèquement lié au contrôle de la terre et de ses produits, l’aristocratie était donc préoccupée par le contrôle de ses territoires et par la légitimation de ses possessions. Le pouvoir de l’aristocratie était présenté comme naturel aux paysans, le mandat aristocratique étant d’origine divine. En effet, il était dit que tout morceau de terre avait été offert par dieu, en concession éternelle, à une famille choisie, et les droits (et devoirs) de cette famille étaient de transmettre cette terre de génération en génération. Les symboles et preuves de son pouvoir étaient ses propriétés, ses blasons, son héritage, ses trésors. Comme pour le monarque, les aristocrates tiraient leurs avantages, leurs responsabilités et leurs pouvoirs sur la classe inférieure (les paysans ) d’une fiction : Dieu toujours.

•         L’Eglise entretenait évidemment la constante fictive. Les auteurs racontent, par exemple, que les vitraux exprimaient comment l’obéissance aux maîtres était récompensée et l’indépendance/ l’intérêt personnel puni, renforçant par la même la fidélité des paysans à leurs maîtres.

Les relations entre les structures de pouvoir

La société féodale se maintenait par l’alliance entre le monarque et l’aristocratie, s’ancrait dans l’Eglise et s’incarnait dans l’armée. Si les interactions entre ces structures de pouvoir n’étaient pas forcément évidentes, elles se maintenaient dans leurs intérêts communs partagés, à savoir le pouvoir et la fiction qui, s’ils étaient brisés, détruiraient également tous leurs avantages.

La monarchie essayait de diviser le rang des aristocrates pour mieux les contrôler, mais elle savait également qu’une aristocratie trop faible pouvait la mettre en péril. Au contraire, l’aristocratie cherchait l’unité, mais ne pouvait pas destituer ni mettre un nouveau monarque, car ça aurait sapé le respect du droit divin de la propriété terrienne et donc fragilisé sa position : l’aristocratie avait besoin de la représentation de Dieu qu’était le monarque. Aucune partie (monarchie / aristocratie) ne pouvait donc remettre en question l’autre partie sans faire peser un doute sur ses privilèges : le système se maintenait donc, avec une alliance toute particulière lorsqu’il s’agissait de maintenir la classe inférieure à sa place.

L’Eglise, les lois mises en place par le monarque, et le monopole aristocrate sur la force se rejoignaient pour dénier aux paysans tout moyen de remettre en question ou de contester la hiérarchie féodale et les forces en puissance.

Comment les structures de pouvoir s’imposaient ?

Il était donc, pour les structures de pouvoir, essentiel de maintenir l’ordre social, qu’il plaise ou non à la classe inférieure, leur propre statut en dépendait. Lors des révoltes, des contestations, les critiques les plus incisifs de la classe inférieure étaient gratifiés de postes prestigieux afin de les isoler, les calmer, les apaiser. Toute vie intellectuelle était déviée dans les monastères, où les esprits étaient attelés à d’infinies discussions théologiques (les anges ont-ils un sexe ?) ; le but inavoué était l’annihilation du penchant critique de leur intellect et il s’agissait d’orienter les intérêts en faveur d’un maintien de la forme de pouvoir existante. La féodalité était donc particulièrement fermée, l’information étant pauvre, la fiction forte et l’étouffement des moindres critiques virulentes. Tout aurait pu perdurer ainsi longtemps, mais une évolution technique changea toute la donne.
Notons au passage qu’évidemment certaines sociétés, certaines cultures et certains groupes suivent toujours un paradigme féodal.

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