L’informationnalisme

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Note : nous passerons rapidement sur ce chapitre, celui-ci étant largement traité dans les pages suivant cette première présentation ; à noter que si le début du livre est passionnant, la dernière partie a moins accroché l’équipe de VoX. Certains de nos rédacteurs diront d’ailleurs y déceler des contradictions et des raisonnements peu logiques, mais nous y reviendrons très largement dans le prochain article page X. Cela n’empêche que là encore, des notions telles que l’attentionnalisme, par exemple, est particulièrement intéressante.

Même si les auteurs ne le disent pas explicitement dans les netocrates, la constante fictive du paradigme informationnalisme sera le Net. À la question « Dieu et l’Église pour le système féodal, l’humanisme pour le système capitaliste. Quel sera ce gouvernail dans la Netocratie ? » de l’interview menée par chronicart, les auteurs répondent ceci : « Le Net ! Le Net comme abstraction est l’entité métaphysique (l’illusion, si vous préférez) qui est au cœur de l’activité netocratique (contrairement à Internet, en tant qu’entité physique concrète). C’est ainsi que lorsque les netocrates tournent le dos à l’individualisme de la bourgeoisie, ils remplacent leur croyance en l’individualisme par un « dividualisme » (pour utiliser la terminologie de Gilles Deleuze) avec le Net lui-même en tant que centre métaphysique. »[les netocrates]

L’informationnalisme nous situe donc sur le Net, où la nouvelle élite, les netocrates, joue pour son plaisir, pour l’accumulation de nouvelles expériences. Une élite qui joue bien évidemment avec le pouvoir, dont la valeur n’est plus l’argent, mais l’information et l’attention. A contrario, les consumtariens consomment, telles des plantes, les pubs, les produits, l’information poubelle et, comme des algues, ils se laissent entraîner par les courants amorcés par les netocrates. Les consumtariens sont toujours collés devant l’antique télévision depuis longtemps délaissée par les netocrates qui n’y voient que l’information poubelle qu’elle diffuse.

Le netocrate, au grand dam de l’idéologue de la personnalité unique Zuckerberg, a des identités multiples avec lesquelles ils jonglent sur le réseau pour étendre son pouvoir, son influence, pour capter l’information exclusive. Il vogue, de tribu en tribu, jouant avec l’information exclusive, la monnayant, la conservant secrète pour en jouir seul ou avec ses pairs (la stratégie imploitante a contrario de la stratégie exploitante des capitalistes, qui consiste à, par exemple, conserver l’information d’une île secrète pour en profiter telle quelle avec sa tribu plutôt que de l’exploiter en site touristique). Il sait donc se retrouver dans l’océan d’informations, il sait l’exploiter ou l’imploiter, et il sait également susciter de l’attention autour d’une information. Concrètement, il peut manipuler le consumtarien pour le faire aimer, trouver cool ce qu’ils souhaitent qu’il trouve cool. Il est en sorte, créateur de fictions qui renouvellera à sa guise…

Évidemment, pour le netocrate, le concept d’Etat nation est abandonné, tout comme la fiction de l’Homme (ou toute autre fiction). Il est mobiliste au contraire du totaliste :
Le totalisme se caractérise par la construction d’un grand système, par le désir de trouver une seule théorie qui engloberait et expliquerait l’ensemble de l’existence et de l’histoire. Le totaliste produit un guide pratique sur la vie, le monde ; les totalistes plus proches de notre époque ne voient pas ce grand système comme un fait établi, mais comme un projet désirable et possible (comme celui de la fiction Homme, par exemple). Ce grand système expliquant tout selon les totalistes est relié à cette croyance d’une vérité objective, d’un absolu en fonction duquel le cours des choses peut être évalué. Il y a donc des distinctions d’ordre moral qui sont établies comme vérités.

Selon les auteurs, le christianisme, les idéologies politiques capitalistes, Descartes, Kant… sont totalistes.

« 2 millénaires et demi de pensée totaliste ont tissé une toile d’araignée quasi incompréhensible de lois, de règles, de préjugés et d’obsessions collectives. »[les netocrates]

Le totalisme part de l’égo pour définir la façon dont sera « rangé » le monde, c’est l’inverse chez le mobiliste : c’est le monde qui lui dicte sa façon de se comporter, d’agir, de penser. Le mobiliste a le désir de se soumettre aux conditions existentielles du présent, il essaye de comprendre la situation telle qu’elle est et utilise cette position pour tenter d’améliorer les conditions imposées par le destin. Il n’attend pas de réponse, mais la question suivante. Soumis au contexte, il n’essaie pas d’appliquer de règles générales au contexte, mais s’adapte et change selon les contextes se présentant à lui.

Séduit par le mode netocratique ? n’en soyez pas si certain, cette aristocratie du net n’en est pas moins violente que les autres, n’est pas plus juste, ne sera pas plus généreuse au monde, bien au contraire. Les puissants restent les puissants, et pour le rester il faudra maintenir votre infériorité par la manipulation de votre attention. Certains articles sur le web rangeaient l’hacktivisme sous le terme netocratie, Anonymous compris… Ils se pourraient bien que ce soit le contraire, et qu’Anonymous (si le «courant» existe toujours et que la netocratie s’étend) lutte justement contre la rétention d’information de ces nouveaux puissants. C’est ce que nous verrons dans le chapitre suivant…

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